28.6.2002
 
Vaud: Les adversaires du projet de charte ont d'abord hésité à organiser une campagne dans la perspective du scrutin du 22 septembre. Finalement, ils livreront bataille, portés par un vote de rejet massif des libéraux. Repérage des fronts

 
 
La droite vaudoise s'organise pour combattre la nouvelle Constitution et le «politically correct»
Yelmarc Roulet
Vendredi 28 juin 2002


Après une période de flottement, c'est désormais sûr. Il y aura une opposition organisée et active à la nouvelle Constitution vaudoise, soumise aux électeurs le 22 septembre prochain. Les quelques députés de droite qui souhaitaient en découdre ont trouvé un soutien de poids dans le Parti libéral, dont l'assemblée des délégués a décidé cette semaine à une écrasante majorité de dire non au projet. «Il y avait une certaine crainte d'affronter toute l'officialité vaudoise et la pensée politiquement correcte, mais le congrès nous a donné du carburant», explique Jean-Marie Surer, médecin-vétérinaire à Bière et député libéral, qui a pris la tête de ce combat.

«Nous, gens de droite, ressentons ce projet comme de gauche» explique le député. Les griefs, en bref et en substance: un texte obèse, de ton moralisateur et étatiste, qui fait la part belle aux droits des citoyens et autres idées roses-vertes à la mode, élaboré sans jamais penser aux conséquences financières. C'est l'ensemble plus qu'un point précis qui justifie l'opposition, ajoute Jean-Marie Surer. «Il est permis de dire non, nous reprendrons au coup par coup par voie législative les innovations positives, comme celles qui donnent plus de compétences aux communes.» Coprésident de l'Assemblée constituante, Jean-François Leuba s'était abstenu au vote final. Lors du congrès de son parti, il a voté contre la révision tout en précisant qu'il ne ferait pas campagne.

Le comité d'opposition réunira d'autres libéraux comme Serge Beck, Jacques-André Haury ou Pierre Rochat, des radicaux comme Jacques Perrin ou Olivier Feller, des UDC comme André Delacour. Le Centre patronal ne démentira pas sa réputation de nein-sager, puisqu'il rejette la nouvelle Constitution. Mais, contrairement à d'autres combats, il ne tient pas cette fois à être en première ligne. «Nous serons probablement dans le comité d'opposition, mais il n'est pas question que nous soyons les seuls à payer et à travailler», note le secrétaire patronal Christophe Reymond. La Ligue vaudoise se tient dans une position similaire, en seconde ligne.

La campagne, dès la mi-août, donnera donc lieu à une confrontation entre cette opposition de droite et le reste des forces politiques. Alors que l'UDC ne se prononcera que le 22 août, les radicaux exprimeront dans quelques jours un mot d'ordre qui sera le plus probablement en faveur de la révision. Un comité «Oui à la nouvelle Constitution» vient également d'être constitué. Il ne comprend pour l'heure que des membres de l'Assemblée constituante, mais peut d'ores et déjà compter sur le soutien du Parti socialiste, des Verts et du PDC. Ce comité, qui compte parmi ses animateurs le socialiste Roger Nordmann, la radicale Christelle Luisier ou l'UDC Pascal Dessauges, a déjà été rejoint par 105 constituants sur 180. Des libéraux minorisés chez eux en font également partie, comme le constituant Jacques Haldy. Restent les popistes. Au vote final, à Échallens, ils avaient voté contre. «Quatre millions de francs pour le statu quo», dénonçait ce jour-là Josef Zisyadis. Mercredi soir pourtant, une assemblée du parti a décidé à l'unanimité moins trois abstentions de recommander le oui. «Au moment de choisir entre le texte en vigueur et le nouveau, c'est l'introduction des droits politiques pour les étrangers sur le plan communal qui est déterminante», explique le leader du POP. Pas question pour autant de faire campagne commune: «Notre oui est critique, nous ne voulons pas tomber dans le consensus.»

Le comité «Oui à la nouvelle Constitution» défendra un «projet global équilibré qui signifie un renouveau». Ou, pour reprendre l'expression de l'UDC Charles-Louis Morel, «un bon produit», multiple et résultant d'un véritable dialogue. Peu de moyens financiers seront engagés, selon Roger Nordmann, qui espère tout de même pouvoir faire «une campagne à 50 000 francs.»

 
Le préambule qui exaspère les libéraux

Verbatim

Tout «l'esprit du temps», le «politiquement correct» et «l'idéologie rose-verte» qui rendent le projet de Constitution insupportable à la majorité des libéraux se résume, à les en croire, dans son seul préambule. Que disent donc ces quelques lignes, dues à la plume de Christophe Gallaz, écrivain et constituant? «Pour favoriser l'épanouissement de chacun dans une société harmonieuse qui respecte la Création comme berceau des générations à venir, soit ouverte au monde et s'y sente unie, mesure sa force au soin qu'elle prend du plus faible de ses membres et conçoive l'État comme l'expression de sa volonté, le peuple du Canton de Vaud se donne la Constitution suivante.»

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