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Paru le : 19 juillet 2001

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Les RMRistes sont moins nombreux mais restent plus longtemps sur le carreau
CHÔMAGE • La statistique révèle une nette baisse des bénéficiaires du RMR, mais aussi de ceux qui retrouvent un emploi.

DIDIER ESTOPPEY

A première vue, les chiffres sont réjouissants: l’embellie économique dont jouit le canton et la baisse du chômage se traduisent par une réduction très nette du nombre de bénéficiaires du Revenu minimum de réinsertion (RMR) vaudois. La statistique annuelle publiée conjointement par le Service cantonal de recherche et d’information statistique (SCRIS) et le Département de la santé et de l’action sociale (DSAS) montre ainsi une chute de 36% de ce chiffre entre décembre 1999 et décembre 2000. La baisse constante enregistrée depuis mars 1999 se poursuit, pour atteindre 2177 bénéficiaires en décembre 2000 (contre 3400 à fin 1999). En moyenne mensuelle, 2700 personnes ont touché cette aide l’an dernier. Financièrement, ces chiffres se traduisent par une baisse de près de 30%, entre 1999 et 2000, du montant de l’aide versée, qui passe d’environ 80 à 50 millions, pour une allocation mensuelle moyenne de 1884 francs en 2000.

LIEN STATISTIQUE ABSENT
Mais la médaille a son revers: on constate aussi une plus faible propension des RMRistes à retrouver du travail. Seuls 27% des personnes sorties de ce régime social en 2000 l’ont fait parce qu’elles avaient retrouvé un emploi, contre 32% en 1999. Elles sont par contre 35% à être parvenues au terme de leur droit de deux ans au RMR. On imagine donc que le régime de l’Aide sociale vaudoise (ASV), auquel peuvent accéder les RMRistes en fin de droit, doit enregistrer une hausse proportionnelle de ses bénéficiaires. Au DSAS, on indique toutefois qu’aucun lien statistique entre les deux régimes ne vient alimenter les recherches. Mais que les chiffres 2000 de l’ASV, non encore publiés, n’accusent qu’une légère hausse. Autre phénomène préoccupant: on constate une accentuation du chômage de longue durée. Ils étaient ainsi 14,9% en 2000 à rechercher un emploi depuis plus de quatre ans (6,5% en 1999) et 14,8% depuis plus de cinq ans (2% en 1999). Moins de 50% des RMRistes de l’an dernier totalisaient des périodes de recherche d’emploi de moins de trois ans (près de 70% en 1999). Ces chiffres sont pourtant loin d’alarmer Roger Piccand, chef du Service de l’emploi: «Beaucoup d’ex-RMRistes ont profité des premières vagues d’embellie conjoncturelle, souvent après une période relativement brève. La plus longue durée moyenne de recherche d’emploi de ceux qui restent est un effet statistique normal. Quant à la baisse de la proportion de ceux qui retrouvent un emploi, elle est peu significative. Plus d’un quart des gens qui retrouvent un emploi, et sept 7 fois sur 8 pour un contrat à plein-temps, ça reste un résultat très réjouissant.»
Les statistiques montrent parallèlement une nette baisse des mesures de réinsertion proposées aux RMRistes. Seules 295 personnes ont bénéficié en 2000 d’un Emploi temporaire subventionné (ETS), contre 487 en 1999. Même si cette baisse s’explique par celle des bénéficiaires, elle étonne face aux difficultés de réinsertion que révèle la statistique. «Il n’y a eu aucun frein budgétaire, assure Roger Piccand. Tous ceux qui ont voulu bénéficier d’une mesure ont pu y accéder.» Une offre supplémentaire apparaît dans la statistique: 400 ETS ouverts à des bénéficiaires de plus de 50 ans. Mais elle découle d’une mesure décidée par la Table ronde, qui devait à l’origine concerner 700 personnes. «Nous avons eu de la peine à convaincre les gens, admet Roger Piccand. Un certain nombre de chômeurs sont découragés, et il est difficile de les motiver.»

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