De la part du Dr Jean Martin, médecin cantonal


Chers Amis,

Bien entendu, le prochain débat de l'Assemblée Constituante plénière sur la question du Conseil de l'Avenir continue à retenir mon attention. A cet égard, un document émanant de l'Association des intérêts du Jura, publié par Le Temps, le 14 novembre, paraît extraordinairement opportun. On y lit des appréciations fortes sur le besoin d'anticiper dans la conduite des collectivités dans l'avenir, avec des propositions qui ressemblent beaucoup à celles que nous faisons pour le Conseil de l'Avenir (même s'il y a aussi quelques différences).

En espérant qu'il le publiera, j'ai adressé au Temps un courrier de lecteur que vous trouvez annexé. Mais plus intéressant que mon courrier est le document publié, auquel j'espère que vous pourrez avoir accès sans difficulté.

Dans la mesure où j'imagine que l'ADIJ n'a pas été inspirés ou téléguidés par des Constituants vaudois, il me semble qu'il conviendra de faire état de cette autre réflexion éclairée, dans notre pays, lors de notre débat. Ce qui devrait s'il en est encore besoin permettre d'affirmer que notre proposition n'est pas seulement le fait de quelques hurluberlus.

Amitiés.


Pour Le Temps, Courrier des lecteurs de la part du Dr Jean Martin, Constituant vaudois, La Ruelle 6, 1026 Echandens


Monsieur le Rédacteur en chef,

Ceux qui donnent attention à l'évolution de nos sociétés et aux besoins que nos institutions s'adaptent en conséquence auront été vivement intéressés par le document de l'Association des intérêts du Jura publié sous le titre Un quatrième pouvoir: "l'anticipatif" (Le Temps du 14.11.2000). Cela sera le cas en particulier de ceux qui aujourd'hui font partie d'une Assemblée Constituante, comme dans les cantons de Vaud et de Fribourg.

En ce qui concerne Vaud, la Constituante va traiter incessamment en séance plénière la proposition d'institution d'un Conseil de l'Avenir formulée par une de ses commissions thématiques. Cette proposition est clairement faite dans une optique semblable à celle de l'ADIJ. Aussi engagés et compétents que soient les exécutifs et législatifs (ce n'est pas disputé), on ne saurait nier les contraintes et contingences majeures qui sont les leurs, condamnés qu'ils sont à se préoccuper beaucoup du court terme.

Prévoir comme le fait l'ADIJ de donner une existence institutionnelle à un "pouvoir anticipatif" ne peut plus être discrédité comme une idée farfelue. A noter toutefois que, dans notre propre idée, il ne s'agit pas au sens strict de parler d'un quatrième pouvoir, étant entendu que le Conseil de l'Avenir aurait essentiellement un rôle consultatif d'étude, de réflexion et proposition. Ce qui ne veut évidemment pas dire qu'il n'aurait pas un vrai poids dans la vie civique et sociale du canton. C'est dans ce sens d'ailleurs qu'il convient que cet instance ait une légitimité institutionnelle claire, comme le veut aussi l'ADIJ. Nous croyons légitime et adéquat qu'elle soit inscrite dans la Constitution.

Avec d'autres, je suis convaincu que rapidement dans les années qui viennent, des cantons ou pays se doteront de telles instances. Et j'ai envie de dire "Pourquoi Vaud (ou le cas échéant Fribourg!) ne serait-il pas un des premiers ?"

Encore une fois, il ne s'agit pas d'enlever leur rôle stratégique à nos gouvernements, mais bien d'apporter une contribution à leurs réflexions alors que "L'environnement change en permanence et sans transition, la société évolue parfois brutalement..." (l'ADIJ dixit). Enfin, il ne faut pas laisser dire qu'un tel Conseil serait forcément un "machin" bureaucratique et dispendieux. C'est avec plaisir que je note que les propositions pratiques faites par l'ADIJ, quant à son fonctionnement et à sa composition, vont largement dans le sens de ce que nous envisageons. Au plan financier, une première évaluation fait penser que les coûts liés au Conseil de l'Avenir correspondraient à un quart de pour mille du budget cantonal. Entend-on vraiment alléguer qu'il est déraisonnable de consacrer un tel montant à mieux préparer le futur d'une collectivité?