27.06.2002

Courrier des lecteurs


POLITIQUE VAUDOISE

La sacralisation de la bagarre

A propos d'un commentaire de Jean-Marc Rapaz, «Une bonne bagarre, s.v.p.» (21 juin):

Notre monde est marqué de plus en plus par les luttes entre idéologies, entre milieux économiques et entre parties du monde. Ceci alors qu'il faudrait promouvoir de multiples manières une culture de la non-violence, de la concertation, de la résolution négociée des conflits.

Dans ces conditions, quelle déception de voir Jean-Marc Rapaz se lamenter de ce que le projet de nouvelle Constitution vaudoise ne donnera peut-être pas lieu à une «bonne bagarre»... Un chroniqueur politique expérimenté devrait avoir remarqué que ce ne sont pas forcément les pays où les débats civiques sont les plus agressifs qui gèrent de la manière la plus satisfaisante les intérêts de leur population. Pendant trois ans, les constituantes et constituants vaudois ont fait de la politique différemment. Ils se sont efforcés avec persévérance de tenir compte des intérêts et des aspirations de l'ensemble de la collectivité, et donc d'élaborer une charte fondamentale où chacun puisse se retrouver, avec aussi une dimension pédagogique. Cela n'a pas empêché quelques solides empoignades, mais le vote final du 17 mai dernier (135 oui, 16 non et 10 abstentions) a montré une vraie capacité de consensus constructif.

Cela étant, appeler à la bagarre quand le corps constitué mandaté pour une tâche a réussi à limiter les conflits acrimonieux, cela se comprend peut-être dans l'ambiance médiatique actuelle où il importe qu'on voie partout le conflit ou la magouille,...mais j'ai peine à comprendre en quoi cela aiderait les Vaudoises et Vaudois à se faire une idée juste d'un texte dont M. Rapaz lui-même semble indiquer qu'il le trouve plutôt bon.

Laurence Martin, constituante de Vie associative, Lausanne


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